- ELBÉE (M. marquis d’)
- ELBÉE (M. marquis d’)ELBÉE MAURICE GIGOT marquis d’ (1752-1794)Issu d’une famille beauceronne établie en Poitou au XVIIe siècle, fils d’un major général d’infanterie employé sous le maréchal de Saxe puis fixé à la cour de Dresde, d’Elbée, lieutenant aux chevaliers-gardes dans l’armée de l’Électeur, obtient, en 1780, le même grade à Dauphin-Cavalerie, mais n’ayant pu s’assurer une compagnie, il démissionne et se retire à La Loge près de Beaupréau. Il épouse Marguerite du Houx d’Hauterive dont le frère comptera dans l’état-major du futur généralissime.Émigré dès 1790, il sert comme aide de camp de La Saulois aux chasseurs-nobles. Peu séduit par l’armée de Condé, il rentre en Anjou. Le 14 mars 1793, prié de commander les paysans de sa région, il juge le mouvement prématuré, mais prend la tête des insurgés locaux et les réunit à Cathelineau. Ayant établi son Q.G. à Mortagne, il organise l’armée. Vainqueur à Chemillé, puis à Fontenay où il est blessé, il veut atteindre la mer et s’assurer le port de Nantes. Contraint par Canclaux de lever le siège, il est, à la mort de Cathelineau, élu généralissime. Il s’empare de Châtillon le 3 septembre 1793, de Bressuire, de Tiffauges, et, fondant son armée (20 000 hommes) à celle de Bonchamps, l’emporte (18 sept. 1793) à La Châtaigneraie, bat Santerre et Menou à Vihiers, enlève Saumur, mais connaît la défaite à Luçon (14 oct. 1793). Affligé d’une crise d’effectifs due aux travaux des champs, il doit désormais faire face à l’arrivée des Mayençais; il les bat à Torfou (19 sept. 1793) mais charge en désespéré devant Cholet où il est grièvement blessé. Conduit à Noirmoutier alors aux mains des royaux, il est fusillé dans un fauteuil lors de la reprise de l’île par Haxo, non sans avoir essayé de sauver l’adjudant-général républicain Wieland (déclaré coupable d’avoir précédemment rendu Noirmoutier aux blancs et servi leur cause). La marquise d’Elbée fut exécutée le lendemain (16 janv. 1794). Militaire instruit, à l’écart des intrigues, il joignait à des qualités d’organisateur et de tacticien un don d’éloquence à peine déparé par un léger bégaiement. Ses soldats l’avaient surnommé, par allusion à ses harangues mystiques, «le général La Providence». La Restauration transforma son marquisat de courtoisie — il avait voté avec le Tiers en 1789 — en une véritable couronne pour le chef de sa maison.
Encyclopédie Universelle. 2012.